La bonne fortune et les heureux présages gouvernent tous les aspects de la vie et de la culture chinoises. Pour les Chinois, s’entourer d’objets ou d’images porte-bonheur accroît les chances de mener une existence heureuse et prospère. Au fil des siècles, un langage symbolique s’est constitué qui s’exprime à travers l’art, l’artisanat, l’architecture, la langue et les objets usuels. Les mots et expressions porte-bonheur servaient à se protéger du mauvais sort, des funestes présages ou des calamités.
Sous la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C), idéogrammes, sentences et motifs du bonheur apparurent sur la vaisselle et les ustensiles, pour gagner ensuite tous les arts décoratifs. La langue chinoise étant constituée de nombreux mots qui ne se distinguent que par une légère variation de ton, elle est particulièrement sujette aux jeux de mots et autres calembours. La signification de la plupart des objets et symboles de cette rubrique, provient de calembours sur des mots-fétiches représentés par des rébus.
Ces énigmes visuelles, que l’on appelle ji xïâng tu an, se sont développées durant la dynastie Song (960-1279) et sont traditionnellement constituées de quatre idéogrammes chinois ou par une combinaison d’objets ayant peu de rapport, a priori, entre eux. Par exemple, le rébus d’une chauve-souris associée à une ancienne pièce de monnaie chinoise (sapèque) se lit « le bonheur sous les yeux », car le mot « chauve-souris » se prononce comme le mot « bonheur », fû, et parce que le trou carré au centre d’une pièce de monnaie est aussi appelé « œil », yân.
Les symboles se réfèrent aux cinq valeurs les plus précieuses de la culture chinoise : le bonheur, fû, la prospérité, là, la longévité, shou, le double bonheur, xï, et la richesse, câi. Les trois premiers concepts, souvent associés, sont représentés par leurs déités correspondantes, le dieu du Bonheur, le dieu de la Prospérité et le dieu de la Longévité. Des figures hautement vénérées par les Chinois qui, partout dans le monde, ornent leur logis de ces statuettes ou images. Il existe une multitude de rébus pour figurer ensemble ces trois notions dont l’importance tient dans ce proverbe : « Au ciel il y a trois bonnes étoiles, sur terre, il y a fû, lu, shou. »
Si la majorité des objets et symboles chinois sont anciens, vous découvrirez que quelques-uns sont de création récente, comme le chiffre huit et le chat « qui fait signe », tous deux symboles de richesse. Vous trouverez aussi les légendes les plus connues concernant ces différents symboles et porte-bonheur chinois. Les références au Nouvel An se rapportent au Nouvel An chinois lunaire, une fête qui commence le soir du réveillon pour s’achever quinze jours plus tard à la pleine lune. Le Nouvel An chinois est une fête mobile qui, dans le calendrier occidental, tombe entre fin janvier et début mars.